Organisation : Marine Miquel (U. Tours, ICD), Mathilde Lencou-Bareme (ENS, AOROC), Ida Gilda Mastrorosa (U. Florence, SAGAS)
Cette manifestation scientifique s’inscrit dans les études portant sur la réception de l’Antiquité, pour mettre en avant la circulation intellectuelle d’une œuvre canonique, l’Histoire romaine de Tite-Live, de l’Antiquité à nos jours (dans l’historiographie, dans les autres genres littéraires, mais aussi dans la transmission des savoirs, dans les idées politiques et dans l’éducation).
L’Histoire romaine, œuvre monumentale de Tite-Live qui relate l’histoire de Rome depuis sa fondation jusqu’aux débuts du Principat apparaît, dès le Ier siècle ap. J.-C., “au premier rang de la gloire”, par “son éloquence et sa véracité”, eloquentiae ac fidei praeclarus in primis[1]. S’il oriente indéniablement l’écriture historiographique de l’Antiquité impériale puis tardive[2], il constitue également une source importante des poètes épiques comme Lucain[3], Silius Italicus[4], etc. Il n’est donc pas étonnant qu’il figure encore au nombre des classiques qui font l’objet d’une réédition aux alentours de 400 ap. J.-C.[5], ni que les première, troisième et quatrième décades aient circulé tout au long du Moyen Âge, avant sa réception par les humanistes à la Renaissance.
Les études portant sur l’écriture de l’histoire par Tite-Live ont connu, depuis une trentaine d’années, de profonds renouvellements, orientant la recherche sur l’historien vers une revalorisation de son contenu historique, soulignant l’aspect rhétorique de son ouvrage, s’intéressant à ses intertextes ou élaborant des analyses narratologiques, développant ses enjeux philosophiques, idéologiques et littéraires: le bimillénaire de la mort de l’historien, en 2017, a d’ailleurs donné lieu à plusieurs colloques portant sur son oeuvre et sur son écriture[6]. S’ils ont abordé, à travers quelques communications, la réception du corpus livien, et si l’ouvrage issu de l’exposition Tite-Live, une histoire de livres, de la Bibliothèque Universitaire Moretus Plantin de l’université de Namur, a pu mettre en valeur les éditions et traductions de l’Histoire romaine au cours des siècles, l’immense empreinte laissée par l’Histoire romaine dans la pensée européenne n’y a pas fait l’objection d’une réflexion spécifique.
[1]Tacite, Annales, IV, 34, 3.
[2]Ulrich Eigler, Lectiones vetustatis : römische Literatur und Geschichte in der lateinischen Literatur der Spätantike, München, Beck, 2003, p. 204.
[3]René Pichon, Les sources de Lucain, 1912.
[4]John Nicol, The historical and geographical sources used by Silius Italicus, 1936.
[5]Symmaque, Lettre à Valérien, 401, IX, 13: Munus totius Liuiani operis quod spopondi etiam nunc diligentia emendationis moratur.
[6]Livius Noster, organisé par le Centro di Studi Liviani, à Padoue; Relire Tite-Live, organisé par l’Ecole normale supérieure et par l’université Paris Nanterre.