Si, durant des décennies, le passé colonial est resté un impensé de la politique mémorielle allemande, on observe depuis peu une extension du champ mémoriel à la période coloniale. L’attention nouvelle portée au passé colonial a donné lieu, dans les milieux universitaires et politiques comme dans l’opinion publique, à des controverses et débats post-coloniaux, notamment autour de la colonisation en Namibie.
Ce colloque vise à questionner les liens entre le récit mémoriel officiel qui s’est progressivement construit en RFA depuis les années 1960/1970 et la diversification de la population allemande, issue de la réunification de l’Allemagne et des flux migratoires. Dans quelle mesure le concept de « mémoire multidirectionnelle » développé par Michael Rothberg (2009) éclaire-t-il d’un jour nouveau la relation entre mémoire et identité ? Dans quelle mesure la littérature transnationale, en tant que pratique d’écriture qui favorise la pluralité, la circulation et les échanges d’idées, est-elle le reflet de cette mémoire multidirectionnelle et a-t-elle un rôle à jouer dans une mémoire « collective » en Allemagne, à l’heure même où le terme de « collectif » demande à être entièrement redéfini ? Une mémoire collective allemande est-elle encore possible ? Autant d’interrogations auxquelles nous tenterons d’apporter des éléments de réponse.