Les intermédiaires du travail artistique et la fabrique de la valeur littéraire

Delphine Naudier, directrice de recherche au CNRS, « Les intermédiaires du travail artistique et la fabrique de la valeur littéraire »

Dans le cadre de cette séance du séminaire, il sera question de porter la focale sur un maillon invisible de la production de la valeur littéraire. Ce maillon concerne un groupe professionnel, très atomisé, dont l’une des caractéristiques est d’être fortement féminisé. Une telle approche de la littérature, par les intermédiaires, permet de jeter la lumière sur les mécanismes d’ajustement entre un bien culturel, le lire, le roman, et des critiques, journalistes, animateurs, qui en parleront, et si possible, qui en parleront en bien. Ceci contribue à déconstruire le mythe du génie littéraire qui par magie rencontrerait la gloire ainsi qu’à remettre en cause l’idée que ces appariements entre écrivain et critique serait le produit d’une alchimie littéraire. Or, s’il existe bien des affinités littéraires entre les romanciers et les critiques, elles sont souvent construites, notamment par un important travail relationnel réalisé au sein des maisons éditions, qui ont un intérêt commercial et symbolique à réaliser des ajustements parfaits. En s’attachant à ce chaînon invisible, nous pourrions mettre en évidence le fait que la littérature est, entre autres, une pratique sociale et commerciale.